VISEGRAD

 

C'est la lecture du livre « Le pont sur la Drina » écrit par Ivo Andric (1892-1975) qui m'a incité à venir visiter cette ville. Ce récit a pour cadre la Bosnie ottomane et la vie de la petite ville de Visegrad où entre 1571-1577, fut construit le pont sur la rivière Drina. Un roman dont le personnage principal est un pont !Ce pont a constitué l'unique passage fiable et permanent sur tout le cours moyen et supérieur du fleuve Drina jusqu'à la construction d'un pont routier au début du 20e siècle.


C'est la chronique de quatre siècles qui nous est rapportée, mêlant la légende à l'histoire, la drôlerie à l'horreur, faisant revivre mille et un personnages : de Radisav le Serbe empalé par le gouverneur turc, à Fata qui se jette du pont pour éviter un mariage forcé, et au vieil Ali Hodja, le Turc traditionaliste, qui voit avec consternation surgir les troupes de l'empereur François-Joseph.

 

 

C'est sur le pont reliant les deux rives de la Drina - mais aussi la Serbie et la Bosnie, l'Orient et l'Occident - que se concentre depuis le XVIe siècle la vie des habitants, chrétiens, juifs, musulmans de Turquie ou " islamisés ". En son milieu il s’élargit en deux terrasses symétriques qu'on appelle « la kapia ». C'est là que l'on palabre, s'affronte, joue aux cartes, écoute les proclamations des maîtres successifs du pays, Ottomans puis Austro-Hongrois. Visegrad, une ville multiculturelle, où se côtoient musulmans et serbes orthodoxes principalement, mais aussi catholiques suite à la domination autrichienne.


En 1992 des massacres ont eu lieu dans cette ville par les unités paramilitaires serbes. Les responsables ont été condamnés par le TPI en juillet 2009.


L'initiative de la construction du pont vient de Mehmed pacha Sokolović,(1505- 1579). Il est né à Sokolovići village orthodoxe situé au nord ouest de Visegrad. C'était un jeune Serbe enlevé par les Turcs pour en faire un janissaire qui s'éleva dans la hiérarchie ottomane. Le livre décrit de façon émouvante le transfert des jeunes gens enlevés à leur famille et leur mère suivant le convoi comme elle le pouvait. Jusqu’à Visegrad où il fallait traverser sur un bac la rivière au courant fort. Sa mère resta sur la rive sud tandis que le bac s'éloignait au milieu du courant. Il ne la revit jamais et ce fut l'image qu'il emporta d'elle. Et il se jura à ce moment là que ces passages impossibles seraient supprimés et remplacés par des ponts.

 

Il fut le grand vizir de Soliman le Magnifique, de Sélim II et de Mourad III de 1565 à 1579. Il édifia plusieurs ponts en Bosnie-Herzégovine dont le pont Arslanagic à Trebinje, le pont de Zepa, le pont « Kozija Cuprija » à Sarajevo.


L'activité de la ville est tournée vers le pont. Elle est située sur l'axe routier qui relie Sarajevo à Belgrade, le trafic touristique y est important. Cela attire d'assez nombreux mendiants roms… L’environnement agricole est compliqué par un relief élevé qui rend difficiles les cultures. On ne voit pas d'activité industrielle. 

 

Jeunes occidentalisés 



Un complexe touristique situé sur la presque île est en voie d’achèvement. Il s'appelle Andricgrad, (Andric étant le nom de son concepteur et Grad signifiant la ville). 

Il se termine géographiquement par une église orthodoxe.

 

 

Statue en l'honneur de Mehmet Pacha Sokolovic et du  Patriarche Makarije édifiée à l'entrée d' Andricgrad .

Mehmet Pacha Sokolovic, figure ambivalente pour les Serbes car Vizir de l'état Ottoman et patriote pour avoir permis la restauration du patriarcat de Péc à la tête duquel il a placé Makarije un proche parent. 







Pierre II Petrovic Njegos 1813-1851 est le dernier Prince-Evëque du Montenegro (1830-1851). Il est connu pour son poème dramatique "La Couronne des Montagnes" qui reste un chef d'oeuvre de la lmitterature serbo-croate.





La présence de cette rivière très large donne à la ville une impression de tranquillité qui nous permet une journée d'excellent repos.

 

 



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